Lapsus 18/01/2023
Spécial colloque - La parole dans la clinique de demain. Etat des lieux d'une dépathologisation et perspectives
L’Autre du diagnostic par Cécile El Maghrabi Garrido
Le colloque « La parole dans la clinique de demain » s’intéressera au phénomène actuel de dépathologisation de la clinique. Dans cette perspective la modification rapide et profonde des classifications diagnostiques, sur ces dernières années, demandera à être examinée. Quand elle survient, la rencontre avec la question du diagnostic a des implications fortes dans la vie d’un sujet, tant sur un plan intime que social. C’est probablement ce que nous enseigne l’œuvre de Marco Decorpeliada [1] (1947-2006), artiste ayant connu l’hospitalisation en psychiatrie durant plusieurs années. Dans un esprit de révolte, il a créé « le schizomètre », qui met en correspondance le système décimal de codage de la classification DSM IV avec d’autres systèmes décimaux. Son entreprise démarre quand il découvre que le diagnostic DSM dont on l’a épinglé, 20.2 : « Schizophrénie type catatonique », répond dans le catalogue des surgelés « Picard » au 20.2 : « Crevettes entières roses cuites ». De certaines correspondances il extrait des signes qui interprètent le monde, non sans une certaine ironie. Ainsi, il relève que le code 63.2 qui désigne la kleptomanie dans le DSM est, comme par hasard, inexistant dans le Plan Comptable Général qui réglemente la normalisation comptable en France. Sur l’ironie psychotique, Jacques-Alain Miller [2] nous indique qu’elle « est la forme comique que prend le savoir que l’Autre ne sait pas, c’est-à-dire, comme Autre du savoir, n’est rien. » Ces considérations ouvrent sur une question cruciale : quel type de savoir est en jeu dans la clinique ?
[1] Henckes N. et Majerus B., « Maladies mentales et sociétés XIXe-XXIe siècle », La Découverte, 2022, p.43
Lien vers l’exposition qui a été consacrée à l’artiste en 2012 à La maison rouge : https://archives.lamaisonrouge.org/fr/expositions-archives-detail/activites/marco-decorpeladia-schizometres/
[2] Miller J.-A., «Clinique ironique », La cause freudienne, Paris, Seuil, n° 23, 1993, p.7.
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