
Collège clinique de Toulouse - Session 2025/2026 - L'angoisse, cet affect qui ne trompe pas
En ces temps incertains, où les sujets sont déboussolés, l’angoisse est un affect qui ne trompe pas. Souvent confondue avec le stress, la peur, ou la panique, elle est traitée socialement tantôt comme un déficit de « gestion » d’une émotion négative, tantôt comme une erreur cognitive et dans tous les cas, comme un phénomène qu’il s’agit de chasser au plus vite, ce qui revient à éluder la nature même de l’angoisse. L’angoisse se présente d’abord comme ce qui met le sujet en état d’alerte devant un danger. En elle-même, l’angoisse se limite à ce commencement et doit être circonscrite à cette fonction de signal utile. Mais ce que nous rencontrons dans la clinique comme « la souffrance la plus pénible », c’est le développement de l’angoisse, au-delà de cette ébauche. Elle paralyse le sujet pris d’angoisse et se manifeste parfois bruyamment. Elle pousse à l’occasion à s’angoisser soi-même. Comment surmonter ou traverser l’angoisse ? Et que peut la psychanalyse ? Toujours désangoisser ! affirmait Lacan à l’adresse des psychanalystes. Canaliser l’angoisse, la doser pour n’en être pas submergé. Si l’angoisse est bien ce qui signale au sujet l’approche d’un réel insupportable, la seule façon de savoir y faire avec ce phénomène qui touche au corps et à l’exigence pulsionnelle, « est de penser qu’il y a une cause à cela ». Telle est l’orientation psychanalytique, interroger non pas le sens mais la cause. Au fond de l’angoisse, il y a toujours un objet causal qui est ce que nous avons de plus singulier : en nous, plus que nous.
Christiane Alberti