Collège clinique de Toulouse - Session 2024/2025 - Clinique des séparations douloureuses
L’histoire des séparations, qu’elles soient choisies ou subies, témoigne d’un arrachement subjectif, avec son cortège de douleur, d’affects d’angoisse et de tristesse.
De qui ou de quoi se sépare-t-on ? De quel partenaire familial ou amoureux ? De l’autre ou de soi-même ?
Par-delà les accidents de la vie, en psychanalyse la séparation renvoie à une dimension bien plus essentielle, constitutive du sujet. Sur la scène de l’inconscient, elle met en jeu le rapport fondamental du sujet et de son Autre.
Dans l’imaginaire de chacun, la séparation mobilise la nostalgie du giron maternel, d’un sweet home, sur fond d’harmonie supposée où l’on ne formerait avec l’autre qu’un seul corps. Cette fiction est un leurre, penser l’autre comme un prolongement de soi est le « pire des égarements » selon Lacan. On est toujours séparé, non pas de la mère ou de l’autre, mais d’une part de nous-mêmes, cette part de nature que le langage emporte. Cette coupure fondamentale nous ampute d’une plénitude d’être.
Elle est, dans le lien mère-enfant, la coupure nécessaire pour que l’enfant puisse ex-sister comme sujet. Grâce à cette coupure, il pourra s’inscrire dans le désir de l’autre, être capté par son regard, être entendu comme sujet.
Dans une rupture amoureuse, un sujet peut se trouver dans un certain égarement, le confrontant à l’angoisse et à la pulsion de mort. Lorsque le désir cesse, le partenaire bascule dans le registre de l’objet a, il est déchet et aussi bien énigme. Les ratés de l’amour, qu’ils soient de l’ordre de l’abandon de l’être aimé ou de la succession d’échecs amoureux, plongent à l’occasion les femmes dans une douleur infinie.
Dans l’exil, où un sujet sacrifie une partie de son identité, son pays, sa famille, son histoire parfois, s’éprouve le changement qui s’opère sur le sujet lui-même, lorsqu’il s’arrache à ses signifiants et objets natifs.
La psychanalyse révèle qu’en définitive, la séparation ne passe pas entre le sujet et son partenaire mais entre le sujet et un objet. Nous examinerons la variété clinique de ses destins et comment la psychanalyse se propose d’opérer avec les séparations douloureuses.