
DROIT - CINEMA - PSYCHANALYSE : Projection-débat "Une intime conviction" d'Antoine Raimbault (2019)
DROIT-CINÉMA-PSYCHANALYSE
Projection-Débat “Une intime conviction“ d’Antoine Raimbault (2019)
Invités : Antoine Raimbault, réalisateur du film et Me Laurent De Caunes, avocat au barreau de Toulouse
Présentation et animation : Eduardo Scarone, psychanalyste membre de l’ECF
Cinéma ABC - Toulouse, le 13 décembre à 20h30
Une intime conviction questionne la faculté même de juger, les limites de la liberté dans l’acte de juger ou de conclure, le moment où un être parlant s’autorise de lui-même, radicalement. Pour le cinéaste A. Raimbault, sur le terrain judiciaire, cette autorisation ne peut avoir lieu qu’au nom de quelques autres, de la société, et à l’intention de ces autres, de cette société-même.
Le ressort dramatique de son film correspond à cet instant où une pulsion s’invite au tribunal, troublant la raison, comme un moment discret ou bruyant du franchissement de la limite dans laquelle se tient la justice humaine.
Le cinéma constitue ici le pont qui autorise la rencontre et l'échange entre le droit et la psychanalyse, comme des champs distincts intéressés par l'humain.
TROIS QUESTIONS À ANTOINE RAIMBAULT - propos recueillis par Eduardo Scarone
1 - Comment avez-vous connu l'affaire Viguier, dont votre film, Une intime conviction, met en scène le deuxième procès?
Fasciné par cette étrange affaire, j’ai assisté aux deux procès de Jacques Viguier. Et sur les bancs de la cour d’assises j’ai fait la connaissance des enfants de Jacques et Suzy, qui se sont construits dans cette terrible équation : « Maman a disparu et papa est accusé de l’avoir tuée. » J’ai découvert d’un coup d’un seul la justice de mon pays et le calvaire de cette famille condamnée à l’incertitude.
2 - Pourquoi en faire un film?
Parce que cette affaire est révélatrice des dysfonctionnements de notre justice. Faute de preuve, l'accusation s’est ici essentiellement bâtie sur la rumeur et la calomnie. C’est à mon sens un des rôles du cinéma que de donner de la perspective en réinterrogeant le réel. Raconter ce procès si singulier, au plus près. Donner à voir la cour d’assises aujourd’hui. En rendre la complexité et tenter d’en saisir la puissance dramatique.
3 - Que vous dit le titre sous lequel nous proposons cette soirée "Pulsion et droit"?
Je crois que c'est le coeur du sujet du film. La pulsion c'est précisément ce qu'incarne le personnage de fiction, Nora. Dans son désir de justice, elle se lance dans une quête de vérité et va se laisser emporter par ses passions. Mais que valent ses certitudes, face au doute, la valeur cardinale de la Justice, incarnée par l'avocat.