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Collège Clinique
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Une journée pour s'orienter dans la clinique

JOURNÉE D'ÉTUDES CLINIQUES DU COLLÉGE CLINIQUE LE 22 JUIN 2019 À TOULOUSE

Maison des Associations 3, Place Guy Hersant Toulouse (Métro ligne B, station Empalot/Saint-Agne)

A quelques jours de la Journée d'études Paroles et Traumas, exceptionnellement ouverte à des personnes non inscrites à la session annuelle, Eric Zuliani nous adresse ces quelques lignes qui nous mettent en appétit ! Sous sa plume, prendre la dimension de l'autre constitue une véritable boussole dans la pratique. En un sens, il donne le ton, le style de la journée clinique qu'il animera le 22 juin prochain, si on veut bien considérer avec Lacan que le style, c’est l’objet. L'objet qui nous pousse à dire. Christiane Alberti

 

 N.B Il reste encore des places pour s'inscrire à cette Journée. 
A faire savoir...

Qu'est-ce qui vous a poussé à vous orienter dans la clinique ? Votre première rencontre ?
J’ai cherché à m’orienter, parce qu’il me fallait payer le prix - je le voulais -, pour pouvoir consentir à « une soumission entière, même si elle est avertie, aux positions proprement subjectives », comme le dit Lacan, des tout petits patients dits autistes que je rencontrais dans le cadre d’une pouponnière. Ça a été mon goût de la faire car personne ne me demandait de les rencontrer. Quelque chose se déroulait avec eux en séance. Une clinique s’en déduisait, clinique dénuée de l’habillage imaginaire, où la fonction de la parole était quasi inexistante de leur côté, mais où la nôtre les percutait, parfois violemment. Pourtant, la séance se structurait tout entière selon les lois et les articulations du langage. Mais le hors-sens de cette rencontre auquel j’étais confronté – hors-sens qui était l’écho de celui de mon symptôme m’ayant conduit en analyse -, impliquait une discipline de tous les instants. En quoi consistait cette discipline, finalement ? Apprendre à se taire, parler d’une manière qui ne blessait pas, être attentif à la logique qui se construisait plutôt qu’au sens, être du coup attentif à la surprise d’une nouveauté, être inventif aussi.  Rien de ce qui se passait avec ces enfants ne relevait du sens commun des routines sociales, l’invention d’un lien possible était donc requise en bien des situations. En vous parlant, il m’en revient un exemple. Les séances avec Antonin se structurait de telle sorte qu’il se confrontait, à point innommable, à ses propres impasses ; deux principalement : le rapport avec son reflet provoquait un laisser tomber qui se transformait régulièrement en une terrible crise où il risquait une auto-agression ; quand ses vocalises prenaient le tout d’un appel face au cadre d’une porte fenêtre, là aussi une crise se déclenchait. J’eus l’idée de le prendre dans les bras, signe que la séance était terminée que je ponctuais ainsi : « La séance est terminée ». La crise cessait soudainement. Puis le reposant à terre, une autre séance reprenait. En somme la séance se déroulait bien dans une topologie spécifique aux lois du langage, les effets de scansion en témoignent.

Diriez-vous que la façon dont on accueille la parole a des effets sur la constitution et l'issue du symptôme pour un sujet ? Des conséquences plus générales sur la forme des symptômes aujourd'hui ?
Si je continue sur la question des sujets dits autistes, oui cela se vérifie grandement. Je veux ici vous donner un exemple qui montre qu’une orientation tranchée est nécessaire. Le sujet dit autiste est-il un être guidé par ses appareils de perception ou est-il soumis comme chacun de nous à se conduire à partir des « appareils de la jouissance », comme le dit Lacan ? J’ai assisté à la présentation d’une approche des sujets autistes comme sujets de la perception : sensible au bruit fort, à telle type de lumière, au toucher. Un certain nombre de méthode et de construction de dispositifs permettent aux sujets de prendre une distance supportable quant à ces perceptions. La présentation contient des exemples, et même le témoignage d’une jeune fille autiste ; les résultats permettent, in fine, qu’un jeune puisse se tenir et suivre dans une classe ordinaire, ce qui permet une certaine déségrégation. Deux propos paradoxaux ont cependant retenu mon attention. L’un d’une éducatrice qui faisait le tour des organes de perception d’un jeune pour expliquer ce qui avait été mis en place pour tamponner la sensibilité au bruit, à la lumière, voire aux odeurs. Mais au moment d’aborder le toucher elle dit : « X n’aime pas qu’on le touche. Non, plutôt, ajoute-t-elle, il ne veut pas être surpris par l’approche de quelqu’un. » La jeune fille autiste quant à elle, explique : « Quand le bruit est insupportable, je me caresse le bras. » Ces deux passages de la présentation m’ont fait apercevoir qu’en réalité les appareils de perception sont eux-mêmes sous l’empire de l’appareil du langage, de la présence supérieure du langage et des intentions qu’il recèle. Car être touché au sens d’être importuné par la surprise d’un autre, mais aussi le bruit de l’autre – bruissement de la langue si bien décrit par Joyce -, relèvent justement de la parole et donc du lien social qui implique l’intention de l’autre. Quand Lacan parle de méconnaissance du fait que l’homme vit dans la parlote dans sa « Conférence de Genève », il vise ce point où est oublié le fait qu’être touché, être envahi par le bruit sont affaires de mots qui rencontrent des corps et que quelque chose se dessine, comme il l’indique : ici, l’envahissement dont il faut se défendre, par les intentions de l’Autre. Il pointe, finalement lequ’on dise oublié. J’ai dit le mot « intention » ; voilà un terme qui ne passe pas par les appareils de la perception. C’est ainsi que Lacan à Genève, répondant à une question, note : « Le signe est toujours, de suite, happé comme intentionnel. » En somme, la manière dont on accueille la parole du sujet compte dans la mise en forme du symptôme. Ne pas accueillir la parole d’un sujet, ne pas lui parler, peut mener celui-ci au passage à l’acte, selon le principe très simple qu’avait indiqué Francesca Biagi lors d’une conférence à Angers, ça m’avait frappé : en substance, moins on permet à un sujet d’inscrire sa folie dans des fragments de discours, plus elle se manifestera par les voies du passage à l’acte.

Parole et langage, en quelques mots ?
Cette « Conférence de Genève » que je lis en ce moment et que notre revue La Cause du désir a eu l’heureuse initiative de publier, témoigne du virage pris par Lacan à partir du Séminaire XX que JAM a particulièrement mis en évidence. A partir des années 70, il s’agit moins pour Lacan d’envisager la parole dans son rapport à l’Autre du langage, à ses lois et ses effets sémantiques, que de la considérer dans le lien – lien social -, qu’elle permet ou pas, et ses effets de jouissance qu’elle charrie. Du point de vue de l’expérience de l’autiste, on apprend ça, me semble-t-il. Les êtres humains sont ainsi faits : ils vivent dans la parlotte, Lacan le dit ainsi dans sa « Conférence de Genève » : ils ont une sensibilité innée à l’intention, à la langue, sensibilité à « cette résonnance de la parole », à ce chancre du langage, sensibilité qui n’est pas perceptive. Tenez, voici un exemple très précis, pour se divertir sérieusement : l’étude des hallucinations qu’on nomme « auditives » - Lacan rectifie : verbales, et on comprend du coup -, chez des sujets sourds-muets. On trouve ça dans une de nos anciennes publications : Analytica, Cahier de recherche du Champ freudien. Il s’agit d’un examen clinique datant de 1894 reproduit in extenso – 4 pages que je tiens à disposition en version PDF -, entre un psychiatre de l’époque, le Dr Cramer et un patient sourd-muet. On y mesure l’incommensurable écart qui existe entre les positions subjectives du patient qui témoigne du climat de mauvaises intentions qui règnent autour de lui, des moqueries qui fusent à son passage, et l’absolue difficulté du praticien à saisir ce dont il est question. C’est un dialogue de sourd, c’est le cas de le dire, et qui n’a pas pris une ride, au vu de la « cérébromanie » ambiante ! Comment un sujet qui est sourd muet peut-il « entendre » le qu’on dise de la mauvaise intention le visant ? Bien que patient avec le praticien, voire même explicatif, ce dernier n’entend pas : il n’entend pas céder sur sadoxa ! S’orienter dans la clinique nécessite de prendre toute la mesure de ce que les êtres humains sont essentiellement des corps parlants. Être orienté c’est avant tout cela, et d’ailleurs ça permet de repérer que des philosophes comme Heidegger, des psychologues comme Vygostky plutôt que Piaget, des écrivains aussi, ont repéré, chacun à leur manière, ce fait massif et qu’ils s’en orientent.

 

Programme 

Le matin, de 10H à 13H, Éric Zuliani animera une Conversation autour de la pratique : quatre cas seront présentés, discutés, commentés :
« Elle entend, elle écoute et ça coûte ! » par Anna Cywinska
« Réel du parcours et chemin du dire » par Alexandre Hugues
« La femme triste » par Victor Rodriguez
« Une chute traumatique » par Laure Vessayre

L'après-midi, de 15h à 17h, Éric Zuliani fera une Conférence intitulée :" La résonance de la parole"

En 1975, dans sa « Conférence à Genève sur le symptôme »*, Lacan revient une nouvelle fois sur la parole mais en des termes nouveaux. L’eau du langage, son effet d’imprégnation, la lalangue, le parlé dans lequel on a baigné et l’entendu qui en a résulté, les détritus et les débris qui nous en restent, sont autant de façons de dire qui éclairent la fonction de la parole d’un nouveau jour ; le corps y prend une place éminente. Comment se conçoivent, de ce point de vue, le trauma et le symptôme ?
*J. Lacan, « Conférence à Genève sur le symptôme », texte établi par J.-A. Miller, La Cause du désir n°95, pages 7 à 24.

Si vous souhaitez  y participer,  une inscription préalable sera  nécessaire en envoyant
 un mail à collegeclinique-toulouse@orange.fr avec vos noms et coordonnées.
(La  participation aux frais sera de 20 euros, 10 euros  pour les étudiants) 

Renseignements :
Christiane Alberti 05  61 14 69 80
Lieu : Maison des Associations
3, Place Guy Hersant Toulouse
(Métro ligne B, station Empalot/Saint-Agne)

 

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