
48èmes Journées de l'ECF : Gai, gai marions-nous ! La sexualité et le mariage dans l’expérience psychanalytique
Argument des 48èmes Journées de l'ECF
Se dire oui
Me marier, c’est mon choix – Le mariage d’amour est un pari sur l’avenir. S’il n’est plus le garant de l’ordre social et économique, son importance se manifeste au moment de la cérémonie qui propulse l’histoire privée du couple dans un espace public. On se marie pour avoir son mariage. On se fait beau le jour J. Au nom du pour tous, de nouveaux désirs conjugaux apparaissent à mesure que la tradition décline, prenant de court le législateur. Les formes renouvelées du mariage défraient la chronique : à trois, avec soi-même, avec une femme qui devient un homme ou l’inverse, et même avec la Tour Eiffel ! Inventivité du mariage pour chacun.
Célibat ou mariage
Seul plutôt que mal accompagné – Le célibat s’est laïcisé et se conjugue au pluriel, en phase avec l’individualisme contemporain. Les rencontres facilitées par les réseaux sociaux se substituent à l’engagement. Pour autant, le célibat est aussi position d’attente, défense inconsciente, effet traumatique d’une histoire dont on est le produit, angoisse d’une dépendance trop grande. Le célibat rend d’autant plus énigmatique le consentement à l’autre dans le mariage.
L’amour qui dure
Je l’aimerai toujours – La psychanalyse montre que pour se marier, il convient d’abord de renoncer à jouir tout seul de son propre corps. Elle révèle les ressorts du choix inconscient de celui ou celle qu’on désire épouser. Une analyse permet de débusquer le fantasme qui se cache sous les voiles du coup de foudre, du raisonnement prudent ou du doute incessant. Au conjoint, l’on demande amour, enfant, argent ou sexe. Désir et demande ne se recouvrent pas. Le maintien du mariage dans la durée pose question.
Nouage et sexualité
Je n’ai plus de désir – L’expérience analytique révèle les ressorts de l’équilibre trouvé dans cette vie à deux où s’éprouve le désir, dans l’amour comme dans la sexualité et ses aléas : disparition du désir, hainamoration, dédoublement de la vie amoureuse. Lacan disait que les garçons étaient mariés avec leur fait-pipi, mariage pouvant se rompre pour épouser un toxique, objet les confinant à leur solitude. Dès lors, à quoi une femme est-elle mariée ? Il s’agit d’un nouage entre le sexe, la langue et la chair.
Ravage et joie du mariage
Je ne la supporte plus ! – Si un mariage tient, c’est qu’une pulsion s’y satisfait. La psychanalyse permet de lire l’embrouille maritale, le mystère de la rencontre, l’inconditionnel de la demande, l’attrait particulier d’un corps ou d’une parole, le plaisir paradoxal de souffrir l’un par l’autre, à la vie à la mort.
Ils se disputent sans cesse – Le psychanalyste accompagne fréquemment les enfants de la mésentente. Par leurs symptômes, les enfants répondent au mariage inconscient de leurs parents.
Je suis bien avec toi – Mais il n’y a pas de normes maritales et les mariages heureux existent aussi. Le fondement de telles unions interroge également.
Et le psychanalyste
Elle ne m’écoute pas, il ne me parle pas – Les liens du mariage sont faits de paroles et d’événements de corps. Quand l’expérience conjugale confronte le sujet à la solitude du fantasme, celui-ci s’adresse à un psychanalyste pour la faire durer ou la défaire. Il n’existe pas de règles ni d’expertises en la matière. Le psychanalyste n’est pas un marieur, ni un directeur de conscience ; pas un sexologue, ni un conseiller conjugal. Il sait que pour chacun, le mariage reste une question ouverte.
Laura Sokolowsky, Éric Zuliani